en construction


SÉROUX / LA PHOTOGRAPHIE / LA PEINTURE / LE DESSIN 


CRUEL ULCER / 2018 / Tenerife Island /


Un photographe paradoxal : rien au hasard

 

- La plupart des photographies semblent surgir d'un hasard alors qu'il n'en est absolument rien : chacune d'entre elles est le produit d'un projet précis, d'une préméditation parfois longe, d'un repérage, d'un voyage in situ pour la réaliser, puis d'une construction, d'une mise en scène, en espace très précise

 

- Le deuxième paradoxe provient du fait que même si certaines prises de vues semblent cohérentes entre elles, chaque œuvre est ponctuelle,  jamais de série pour la série. Pas de posture répétitive. L' imprévisible réside dans l'émergence d'un concept au départ. 

 

- Enfin la question obsessionnelle qui se dégage de ce travail est celle de savoir ce que couvre l'image d'une réalité lorsqu'elle ne correspond jamais au réel considéré comme définitivement inaccessible.

En ce sens, Séroux  ne « prend » jamais de photographies comme un reporter le fait, dans un foisonnement qui s'offre à lui. Il « fait » des photographies comme on "fait" un dessin, précisément. 

 

Des tirages interviennent alors une fois contextualisé par Paul Qwest au sein d’agencements avec d’autres œuvres (dessins - tableaux - photos trouvées - objets ).



Sujets / objets 

Le contenu de ce travail ne suit aucune direction définie, ni sur la forme, ni sur le fond. Impossible dès lors de les rassembler sous un label général, un genre ou une catégorie formelle. Les photographies procèdent aussi bien du voyage que de l'infra-mince, de l'onirique que du concret, du monumental que du fugitif, de l'humain que du cosmique. Seule l'attitude conceptuelle dont elles procèdent peut être tracée et documentée par des ses lectures par exemples.

 

Anti-sérendipité

Chacune des prises de vue est planifiée avec d'autres éléments plastiques comme on prépare une collision de particules dans un accélérateur, alors même que le résultat visé peut être, paradoxalement, de produire un sentiment de spontanéité et de coïncidences.

 

Partout la rencontre se conçoit sur le mode d’un rendez-vous. L'exubérance de « ce qui arrive » ne doit rien au hasard.

 

L'esprit est proactif face au réel avec lequel s'organise des « coups », comme de se rendre un jour précis à un endroit précis pour saisir une éclipse totale de soleil par exemple.

 

Aucune place n’est laissée à l’hésitation, au petit bonheur la chance. Le travail ne procède pas d'un esprit vacant mais s'inspire de l'animal aux aguets qui sait les habitudes de ses proies et peut se servir à bon droit.

 

Il ne s'agit pas d'une chasse ouverte mais d’une construction méticuleuse. La photographie ici assume la préméditation radicale.


THE EXPLORATION / 2017 / 



Collisions-collusions 

Des confrontations improbables, fussent elles infinitésimales s'organisent entre la rencontre entre un glacier argentin et une prise électrique ou entre une pomme et un oiseau mort.

 

A ce titre, il s'inscrit parfaitement dans l'esprit des juxtapositions de sens, porteur d'associations dont le fin mots s'affirme après la collision.

 

Il offre au curateur la possibilité de filer certaines associations, et de conjuguer à son tour des clichés avec d'autres productions artistiques ou non.

 

Prospection

Séroux produit peu de tirages parfois multiples, en triptyque par exemple, ou isolés. Ses clichés peuvent donner lieu à des séries qui sont précisément organisées sur le plan formel comme sur le plan signifiant.

 

La cohérence ou la signification des groupes de clichés qui sont présentés sur ce site ne présume en rien du sens que ces mêmes tirages prendront ensuite dans d'autres assemblages. Le sens reste imputable au curateur d'une part, qui les contextualisera, et au spectateur d'autre part, qui en assimilera les éléments signifiants pour lui.

 

Le travail sous forme d' assemblages manifeste de la force qui sous-tend les organismes vivants : elle est d'autant plus vive que les composants s’y conjuguent avec l’énergie de leur environnement.


THE WIND / 2012 / Patagonia - Agentina /



THE WAR / 2017 / Syria / 


Anti-Kaïros

Aucun moment ne s'impose. Ce n’est jamais le « moment favorable », ce kairos classique, qui donne le signal de la chose à faire. Pour être là, il a fallu y penser, repérer l'action, choisir le lieu, l'heure, y revenir, déterminer la lumière et l’angle de vue, la chose à voir et enfin agir au moment voulu. Agir vite, ou agir lentement - c'est la vue de l’esprit qui impose sa temporalité et non la chose à capter. La photographie atteint alors la chose vue dans toute sa singularité. Elle dit ce que le photographe à choisi de donner à voir.

 

Fixité

Ne pas chercher à faire « LA » photo serait un non sens ici. Si elle aboutit hors du connu, hors du compréhensible, c'est en passant par la maîtrise. L'excitation qui en découle, produit un cliché qui condense l'essence d'une volonté.

 

Contre-courant

Si des choses s'imposent au regard en définitive, c’est qu’elles reflètent précisément l'esprit du photographe. Ce qu'il donne à voir n'est pas ce qui se voit le plus, mais ce qu'il a choisi d'aborder. Il voit comme voient les télescopes, orientés au millimètre près, avec un champ réduit à l'extrême des possibilités. Photographe d'angles morts et d'anfractuosités, de fins de décors et de pièces manquantes, de moments creux et d'engins volants, l'image évite le sens écrasant qui empêchent l'esprit de se trouver.

 

Ici, l'exceptionnel inapparent l'emporte.



HAMADRIADES / 2015 / France / 



HOW ARE YOU ? / 2012 / New-York /