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What's inside me


2019

 


- Acrylique & huile sur toile

120/100 cm

- 3 photographies


Un tableau

3 photographies - Collection Somexki


contexte


if intelligence and stupidity naturally exist, and if AI is said to exist,

then is there something that might be called "artificial stupidity" ?

 

Dr. Jay Liebowitz - Harrisburg University of Science and Technology


L'objet du tableau fait référence à l'intelligence artificielle dans le film 2001 de Stanley Kubrick. Lorsque Dave revient d'une sortie à l'extérieur de Discovery One, HAL lui refuse l'entrée du vaisseau. Dave parvient à ouvrir une écoutille de secours depuis son véhicule et s'introduit dans les unités de stockage de HAL et déconnecte les blocs-mémoires holographiques renfermant les couches logicielles supérieures émulant l'intelligence de HAL, ne conservant que les fonctions purement automatiques indispensables au vaisseau. Régressant progressivement, HAL dit à Dave « J'ai peur »

relations


La toile entre en écho avec une photographie peinte intitulée;

Les hommes bizarres et les femmes qui les évitent.

Elle est issue de la Collection Somexki.

Le titre est emprunté à la question du poète Alex Svi :

What's inside me

détails


Mettre ses mains dans ses poches trahit un malaise et une distance face aux hommes de mains d'un système ou d'un pouvoir. Une indépendance d'esprit fondée sur d'autres valeurs.

 

Longtemps je me suis promené dans le monde, mains dans les poches, le nez en l'air. Et le monde est beau.

Jean d'Ormesson



POUR ALLER PLUS LOIN

Un huis clos pour l'infini

Scène de genre, scène de crime, de ménage, se mettre en scène, en faire une, une mise en scène comme un tableau au théâtre, c'est toujours une façon d'habiter un monde possible pour approcher des vérités impossibles.


Les tableaux dont il est question ici montrent que nous habitons tous la vie en acteur, consciemment ou pas, avec attention ou par inadvertance. Rien en nous n'échappe au mouvement. La terre entière danse la chamade et transforme notre destinée en valse hésitation. Nos « faits et gestes » ont tout envahit. Or il devient évident que l'on arrive que rarement et très difficilement à saisir le réel dans son ensemble. Sa complexité nous échappe.

Slavoj Zizek l'exprime très bien :

Le réel est simultanément la chose à laquelle il est impossible d’accéder directement et l’obstacle qui empêche cet accès direct, la chose qui échappe à notre saisie et l’écran déformant à cause duquel nous manquons la chose.

Nous vivons à l'image de personnages de ces toiles, dans un huis clos dont d'ordinaire nous ne comprenons pas grand chose. Le champ artistique devient dès lors exactement inverse à celui de la vie sociale où plane au fil du temps le parfum tenace de tous les abandons de poste entre ce qui s'y passe et ce qui ne s'y passe mal, plus ou pas. Pour beaucoup, un idéal n'est finalement le plus souvent qu'une pauvre affaire de circonstances. Chacun devient tôt ou tard le témoin de ce championnat du monde de la perte, du deuil et de la nostalgie qui a même sa radio en Belgique, c'est dire…

Or le grand talent de l'espace pictural ici est d'être l'antidote absolu d'un temps destructeur de rêve, sapeur d'élans, faiseur de ruines. L'espace artistique déplié par la peinture est celui du regard autour de cette question :
Comment habitons nous nos incertitudes ?


Elle est aussi celui par des anthropologues, des éthologues de la relation hors de lieux communs,. On s'y sens tout à la fois chez soi et ailleurs, hors du jeu des routines. Les artistes nous sortent de la ritournelle, du train-train des intérêts de profiteurs de bonnes aventures, de bonnes occasions... Artistes et regardeurs, chacun ici concourt à construire de l'espace commun, un milieu. Les uns ne vont pas sans les autres. Ce que l'on éprouve alors, c'est de la vie « en » philosophe, c'est à dire le plaisir intense de pouvoir repenser les choses à partir de n'importe quel matériel de départ. La curiosité philosophique nous attrape au vol.

Si comme le disait William James, « les idées ce n'est pas ce que nous pensons, c'est ce qui nous fait penser », l'espace ouvert ici n'est pas ce que nous regardons, c'est ce qui nous fait regarder. C'est l'infini qui s'ouvre avec pour seule limite la créativité d'un collectif complice, accordé et sans retenue aucune.